Retour client : Visio-Avocats, un projet de Legaltech …

Je suis Xavier, l’un des cofondateurs de Visio-Avocats, une startup créée en 2018 avec 2 autres associés : 1 avocat impliqué dans la vie numérique de son barreau, Maître Vincent Durand et un serial entrepreneur Guilhem Bertholet. Vincent a une mission business et métier et j’ai de mon côté une casquette technique et produit. Guilhem, lui, nous aide à garder la tête haute, un vrai coach start-up.

Fin 2017 nous avons validé notre projet de digitaliser les avocats autour de la visio-conférence. Ce moyen de communication nous semblait à ce moment pertinent pour établir une relation de confiance avec son homme de loi.

La génèse du projet était de reproduire ce que Vincent avait mis en place avec succès dans son cabinet : la possibilité pour un justiciable de prendre rdv avec un avocat en visioconférence et le tout de manière autonome : choix de l’horaire, paiement et génération du lien de la visio.

Nous sommes partis sur le développement agile d’une plateforme SAAS : un Doctolib du droit permettant à tout à chacun de trouver son avocat afin de réaliser une prestation de conseil par des professionnels du droit. Nous fixons la durée à 30 minutes et nous laissons les avocats piloter le reste.

Nous partons sur une solution pré-packagée développée par Wizaplace qui nous propose un développement sur-mesure du front et une location annuelle du back-office. Ce système, sur le papier, nous permettait d’aller vers une marketplace tout en profitant de leur expérience des systèmes de rétribution d’argent et en même temps nous assurer 3 mois de production à peine pour mettre en ligne la place de marché.

Cette étape a été très difficile, d’autant plus pour moi car c’était ma mission première dans la start-up : piloter la production. Après 8 années passées en agence de développement je ne pensais pas souffrir autant. Il aura fallu 15 mois à Wizaplace pour sortir notre produit dans la douleur. Sur ces 15 mois nous pouvons en prendre quelques uns à notre charge car nous n’étions pas prêts en terme de spécifications.
Mi 2019, nous avons un design front léché, une ergo bien pensée, il nous fallait maintenant du trafic. Pour cela nous partons avec une freelance qui nous fait un très bon boulot de tagging, de configuration des outils de tracking pour ensuite nous orienter vers du facebook ads et google ads. Nous avions déjà une stratégie à long terme avec une acquisition SEO possible via 2 facteurs : une optimisation on-site de notre plateforme et une stratégie de diffusion de contenu.

 

Application web agile développée par Ochelys

Pour tous les contenus nous avons pris un alternant. Cela a été l’une de nos meilleures décisions.

6 mois après la mise en prod, nous tirons un trait :

  • 100k € de coût de développement pour la plateforme web
  • 25k € de coût d’acquisition
  • 70 avocats sur la plateforme
  • et 4 demandes de mises en relation dont une qui venait de ma tante…

Dur dur pour demander un abonnement payant à des avocats…

Nous sommes à ce moment-là fin 2019 et certains avocats nous demandent s’il est possible de faire des visios avec notre solution. Nous nous appelons Visio-Avocats après tout, cela semble logique. On lance une R&D avec une agence web lyonnaise UX Design : Ochelys. On a la techno, les premiers utilisateurs, les contacts autour de la visio. Début Mars 2020 la solution est prête on décline un WordPress sur une offre annexe présentant un outil SaaS de génération de visio tout simple mais au moins très sécurisé. Mi-mars 2020, l’imprévisible arrive : nous sommes tous confinés. La visio s’annonce être, à ce moment-là, LA techno qui peut permettre aux avocats de continuer leur activité de manière sécurisée. Cela nous motive à pivoter. Visio-Avocats devient un Zoom du Droit en solution SaaS, sécurisée et avec une roadmap de développement produit autour de la chaîne de valeurs du RDV.

 

L’annuaire est refait entièrement en le simplifiant afin de le garder en sous-domaine comme cas d’utilisation de la visio :

 

 

Quelques mois plus tard, notre solution permet de créer des rdv, de profiter de rappels, de demander un paiement d’une consultation, de relancer, d’encaisser, de faire une visio sécurisée, de prendre des notes et d’avoir un compte rendu. Même Docusign en entend parler et nous demande de faire un partenariat. Un ERP du marché des avocats fait des tests avec nous. Un grand groupe d’avocats commence à évoquer un possible rachat.

 

 

Nous développons même plusieurs autres marques autour des professions réglementées avec visio-experts.fr en France, le .com pour l’étranger, un visio-pay.com pour un marketing plus orienté vers les consultants, naturopathes, psychologues, thérapeutes etc. . Nous sortons aussi visio-avocats.ca pour un déploiement au Québec avec nos premiers clients internationaux. On continue d’y croire !

Aujourd’hui le projet continue, avec du recul on se rend compte que ce confinement nous a aider pour faire avancer les mentalités au niveau de la visioconférence. Cependant cette urgence d’équipement en visio a propulsé les géants de la visio et nous n’étions pas prêts à ce moment-là.

A l’heure actuelle on étudie de nouvelles options pour aider les avocats dans leur digitalisation. Des recherches d’investisseurs sont en cours même si ceux-ci seraient plus nombreux avec un RMR (revenu mensuel récurrent) d’au moins 15k€.
Le produit étant stable et le challenge étant à un niveau commercial, je reste le CPO à temps partiel de Visio-Avocats. Ces 4 années de projet ont été riches en apprentissage : du développement, en passant par la stratégie du produit, la mise en marché, les bonnes ou les mauvaises nouvelles, les bons ou les mauvais conseils, la relation aux early adopters, les choix d’acquisition, les fausses bonnes idées ou encore la relation aux investisseurs …

Voici en tout cas les bonnes pratiques que je retiens et conseille en priorité :

  • Dessiner des interfaces très tôt dans le projet. Au lancement avec Wizaplace, nous n’étions pas prêts en termes de conception. Nous aurions dû dessiner tous les écrans front et back avant de signer avec le prestataire.
  • Construire sa roadmap produit au fur et à mesure des besoins / commandes clients et non sur sa seule idée
  • Vérifier que l’on répond à un problème. Cela semble bête mais c’est pourtant essentiel. Au bout de 4 ans de produits, d’aventures, notre solution est utile et utilisée par de nombreux avocats, mais ne règle pas un problème suffisamment fort pour être massivement adoptée.

Nos erreurs découlent directement de ces bonnes pratiques :

Nous n’avons pas impliqué d’ avocats assez tôt dans la première décision de faire une place de marché type annuaire. Cela a été notre première erreur et elle nous a fait dépenser beaucoup de budget. Nous démarrons en voulant reproduire ce que Vincent faisait dans son cabinet, souvenez-vous c’était la « genèse » du projet. Et nous décidons de proposer un annuaire. Est-ce que c’était ça vraiment qu’il fallait faire ? On pouvait proposer un focus sur la gestion des rdv, des agendas depuis le site jusqu’aux assistantes. Il y avait beaucoup de façons d’apporter quelque chose d’utile à nos chers avocats, si on avait conduit des entretiens et tests avec eux en amont, on aurait peut être identifié des problématiques plus fortes à essayer de résoudre.
En définitive, investir les utilisateurs tout au long de son projet permet de mettre toutes ses chances de son côté. C’est pour cette raison que j’ai rejoint une agence de développement tournée vers l’utilisateur. En effet, chez Ochelys, on propose à nos clients d’impliquer le plus tôt possible leurs utilisateurs via notre expertise d’UX Design.

 

Cela leur permet de :

  • comprendre les besoins et attentes
  • définir une ergonomie
  • économiser en temps et en argent
  • appréhender les personae
  • optimiser sa mise en marché
  • maquetter tout son produit avant de lancer des développements coûteux

Et ce sont clairement ces points qui nous posent des problèmes à l’heure actuelle.

 

 

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