livre blanc

Éco-conception d’une plateforme web

Introduction

Nous n’allons pas refaire ici tout un laïus sur le besoin de baisser son empreinte carbone afin de diminuer un tant soit peu les impacts sur le climat. Si vous êtes sur cet article, c’est que vous êtes déjà sensibilisé à cette réalité ! Notre ambition ici, est de voir ensemble comment mettre cela en application dans la conception et le développement de votre plateforme web.

Chez Ochelys, en tant qu’agence web responsable, nous avons, depuis des années, réfléchi à définir et produire des applications éco-conçues. Par notre expérience, mais aussi grâce à des formations suivies par l‘ensemble de l’équipe auprès de Green-IT et d’Opquast, nous avons un retour d’expérience sur le sujet aussi bien pratique que théorique que nous vous proposons ici.

Démarrons par dire qu’une application web ne peut pas être neutre sur le plan environnemental par définition. Le simple fait de créer cette application, de l’héberger sur Internet et de la consulter sur des smartphones et ordinateurs va générer de la pollution.

D’où provient la pollution numérique ?

Il est intéressant de comprendre à quel moment se crée la pollution dans le numérique. On peut distinguer deux moments clefs du cycle de vie :

  • La fabrication et le recyclage d’ordinateurs, de téléphones, de matériels informatiques au sens large. Ce sont 70 kg de matières premières qui sont mobilisés pour produire, utiliser et éliminer un seul smartphone, soit 583 fois son poids. La fabrication nécessite l’extraction de ressources non renouvelables, entraine des rejets toxiques et des émissions de gaz à effet de serre. Mais ce n’est pas tout, l’assemblage et la distribution sont aussi un poison pour la planète comme l’explique Reporterre.net.
  • La consommation énergétique lors de l’usage d’un service numérique. Il s’agit de la consommation au niveau des terminaux des utilisateurs, mais aussi des centres informatiques (data center) qui héberge le service, ainsi que de toute l’infrastructure par laquelle l’information circule (réseaux, antennes, routeurs, etc.).

C’est la fabrication des équipements des utilisateurs (c’est à dire nos ordinateurs et smartphones) qui est la principale source de cet impact selon Green-IT, représentant 59% à 84% selon l’indicateur observé.

Les leviers de l’éco-conception web

Une fois que le type de pollution est qualifié, nous pouvons en déduire les leviers sur lesquels nous pouvons jouer lorsque nous concevons une application web : 

  • Allonger la durée de vie des équipements, notamment des terminaux utilisateurs
  • Réduire la quantité de ressources informatiques nécessaires au fonctionnement du service

Ainsi, lorsque l’on va éco-concevoir une plateforme web, on va chercher à économiser la batterie et l’espace disque de l’utilisateur, tout autant qu’à réduire la quantité de données et de calcul à traiter.

Qui est concerné par l’éco-conception d’une plateforme web ?

Toute l’équipe est concernée par cette démarche. Un projet éco-conçu doit l’être dès l’origine. L’ensemble des métiers sont concernés, aussi bien du côté du porteur de projet que du côté de l’agence de développement :

  • Le porteur de projet, l’UX Designer, le Product Manager : pourront trouver des solutions sobres aux besoins de leurs utilisateurs, et s’attacher à identifier des fonctionnalités qui répondent à des besoins réels et pertinents
  • La Direction artistique, et le design d’interface : pourront imaginer des visuels et une identité qui minimise l’usage de ressources lourdes
  • L’équipe de développement : pourra optimiser les performances techniques
  • L’hébergement : pourra utiliser une infrastructure verte et veiller à la durée de vie de son parc
  • Les créateurs de contenus : pourront faire vivre le site et la plateforme en utilisant des contenus légers et optimisés

Il est donc important d’impliquer et former l’ensemble de l’équipe car tout le monde aura son rôle à jouer. Il est impossible de ne prendre en compte l’éco-conception qu’au niveau de l’intégration technique par exemple, et d’espérer un bon résultat. Tout le monde doit aller dans le même sens. S’il y a un point sur lequel on portera encore plus d’attention, c’est la conception, qui est faite entre le porteur de projet et le Product Manager ou l’UX Designer, c’est à ce moment là que se joue le plus gros impact car évidemment, une fonctionnalité qui n’est pas développée est toujours ce qu’il y a de moins coûteux.

Exemples de bonnes pratiques

Rentrons un peu plus dans les choses concrètes : quels types de bonnes pratiques allons-nous devoir appliquer pour réduire l’empreinte environnementale d’une plateforme web ? Des listes détaillées de bonnes pratiques ont été réalisées, comme les 115 bonnes pratiques d’éco-conception web du collectif Green-IT. Sans chercher ici à entrer dans une exhaustivité, voyons ici quelques exemples pour comprendre de quoi il s’agit concrètement métier par métier.

ConceptionIdentifier les fonctionnalités les plus pertinentes avec des retours utilisateurs
ConceptionImaginer les solutions fonctionnelles les plus simples
ConceptionLimiter les carrousels et les éléments demandant des animations javascript et CSS
ConceptionLimiter les autocomplétions
ConceptionPréférer du responsive ou une PWA plutôt qu’une application mobile native s’il n’y a pas de raisons fonctionnelles spécifiques
ConceptionPréférer le développement sur-mesure aux CMS
ConceptionLimiter le contenu des e-mails
Direction artistiqueFavoriser un design simple épuré
Direction artistiqueEviter le recours aux photos et vidéos décoratives
Direction artistiqueLimiter le nombre de typographies utilisées et favoriser les polices standards
TechniqueOptimiser les performances du code
TechniqueMettre en cache les données et ressources fréquemment utilisées
TechniquePréférer le CSS aux images
TechniqueLimiter le nombre de requête HTTP
TechniqueAssurer la comptabilité avec d’ancien navigateurs et logiciels
TechniqueLimiter et optimiser les requêtes en base de données
TechniqueCombiner, minifier, compresser les fichiers qui peuvent l’être
InfrastructureChoisir un hébergeur vert comme Infomaniak ou Titan DC
InfrastructureUtiliser des serveurs virtualisés
ContenusLimiter les outils d’analytics à ce qui est nécessaire
ContenusÉviter les photos et images purement décoratives et compresser les images utilisées
ContenusCompresser les documents mis à disposition (vidéso, PDF, etc.)

Cette liste ne donne qu’un aperçu de l’ensemble de ce qui peut être pris en considération pour limiter l’empreinte environnementale d’une plateforme web. Bien sûr tout ne doit pas nécessairement être appliqué à la lettre, chaque projet nécessite des arbitrages qui lui sont propres. Pour ne pas se perdre et pour identifier les leviers les plus importants à actionner, il existe des outils de mesure qui sont d’un bon secours.

Les outils de mesure

Les bonnes pratiques étant identifiées, il est important de savoir mesurer les résultats que l’on obtient, et d’identifier quels sont les points les plus importants à améliorer. Plusieurs outils sont assez utiles pour ça.

  • Ecoindex : est une extension navigateur qui calcule un score pour l’affichage d’une page web et identifie des points d’amélioration
  • Google Page Speed : est un outil proposé par Google dans un but de performances, il donne aussi un score et des points d’améliorations
  • Website carbon : analyse et score une page web sur des critères légèrement différents

Mais attention ! Ces outils ne sont pas parfaits pour considérer si un site est éco-conçu ou non car ils ne prennent en compte que ce qui est techniquement visible. Par exemple, vous verrez qu’une image ou une intégration de Google Maps est coûteuse sur votre page, mais l’outil ne sait pas dire si dans votre contexte c’est un contenu indispensable ou superflu. Il faut donc comparer des choses comparables et garder une interprétation au cas par cas.

Avantages et inconvénients d’éco-concevoir une plateforme web

Nous l’avons vu, l’éco-conception est l’affaire de tous. Ce n’est pas une sur-couche que l’on pose sur une plateforme, mais bien une réflexion qui impacte chaque étape du projet. Si l’on résume les avantages et les inconvénients, voilà ce que l’on en retient :

Avantages

  • Une plateforme potentiellement moins coûteuse malgré l’effort de conception, puisqu’au final l’objectif est de mettre « moins » de complexité et de fonctionnel
  • Aller à l’essentiel c’est aussi se concentrer sur le besoin initial et c’est le plus souvent bénéfique en termes d’expérience utilisateur
  • Une meilleure conversion ? Le débat est ouvert, mais l’éco-conception c’est limité au maximum se qui distrait l’utilisateur
  • Un meilleur référencement car les moteurs de recherche aiment les plateformes rapides (les utilisateurs aussi !)

Inconvénients

  • Exige de se limiter sur le volume et la complexité fonctionnelle
  • Un design graphique épuré et qui devra respecter certaines contraintes
  • Réduit les options en termes de partenaires possibles pour l’hébergement, les services externes, etc.

Conclusion

Il est possible d’avoir un vrai bénéfice d’empreinte environnementale en prenant en compte l’éco-conception dans toutes ses dimensions lors de la création d’un site ou d’une plateforme web. L’idéal est de le considérer le plus tôt possible dans la réflexion et d’impliquer le maximum de partie prenantes. Il est important d’avoir en tête que l’éco-conception implique des contraintes et des arbitrages, mais offre aussi de nombreux bénéfices pour l’expérience utilisateur.

Chez Ochelys l’éco-conception fait partie de notre ADN depuis de nombreuses années, nous avons donné notre première conférence sur le sujet en 2017. Si vous souhaitez passer à l’action et éco-concevoir votre plateforme web, nous serons ravis de vous accompagner sur ce sujet, n’hésitez pas à nous contacter !

Références